Dans un livre, [1]avant le retour de l’écrivain à la Croyance, celui-ci avait noté qu’il se sentait «dérangé de voir une prière se combiner avec des mouvements presque mécaniques du corps». Il avait alors demandé à l’imame[2] :
“Croyez-vous vraiment que Dieu attende de vous, pour Lui témoigner votre respect, ces mouvements d’inclinaison, d’agenouillements et de prosternation ? Ne serait-il pas préférable de regarder en soi même et de prier dans le silence de son cœur ? Pourquoi tous ces mouvements du corps ?”
L’imame répondit :
“De quelle autre manière devrions-nous adorer Dieu ? N’a-t-Il pas crée l’âme aussi bien que le corps ? Les choses étant ainsi, l’homme ne doit-il pas prier avec son corps aussi bien qu’avec son âme ? Écoutez, je vais vous dire pourquoi nous, musulmans, prions comme vous nous voyez le faire. Nous nous tournons en direction de la Kaaba, le temple sacré de Dieu à la Mecque, sachant que les visages de tous les musulmans, en quelque lieu qu’ils se trouvent, sont tournés dans la même direction pour la prière et que nous sommes tous comme un seul corps, avec Lui au centre de nos pensées. D’abord nous nous tenons debout et récitons des passages du saint Coran, nous souvenons que c’est là Sa Parole elle-même donnée à l’homme pour qu’il mène une vie juste et droite. Puis nous disons : «Dieu est le plus grand», nous rappelant à nous-mêmes que personne ne mérite d’être adoré en dehors de Lui. Nous nous inclinons profondément parce que nous L’honorons par-dessus tout et que nous louons Sa puissance et Sa gloire. Ensuite nous nous prosternons avec nos fronts touchant terre parce que nous sentons que nous ne sommes que poussière et néant devant Lui, et qu’Il est notre Créateur et Protecteur suprême. Après quoi nous relevons nos visages et restons assis, priant pour qu’Il nous pardonne nos péchés, nous accorde Sa grâce, nous guide dans la voie droite et nous donne santé et subsistance. Et nous nous prosternons de nouveau et touchons la poussière avec nos fronts devant la puissance et la gloire e l’Unique. Alors nous restons assis et prions qu’Il bénisse le Prophète Muhammad[3] qui nous a transmis Son message, comme Il a béni les Prophètes[4] qui l’ont précédé, et qu’il nous bénisse aussi ainsi que tous ceux qui suivent la voie droite. Et nous Lui demandons de nous accorder le bien de ce monde comme le bien du monde à venir. Enfin nous tournons la tête à droite, puis à gauche, disant : «la paix et la bénédiction de Dieu soient sur vous», ainsi nous saluons tous les justes où qu’ils soient.
C’est ainsi que le Prophète[5] priait ; c’est ainsi également qu’il a enseigné la prière à ses disciples dans tous les temps, de manière qu’ils se soumettent volontairement à Dieu – ce qui est le sens du mot Islam – et qu’ils soient de la sorte en paix avec Lui de même qu’avec leur propre destinée.”[6]
L’imame n’avait pas prononcé exactement ces paroles. L’écrivain a trouvé les mots pour en transmettre le sens, et c’est ce qui lui a ouvert «la première porte menant à l’Islam.»[7]
D’autres avant, ont restitué ce sens :
«Un rayon rose jaillit de l’horizon, les étoiles palissent, et une voix rythmée s’élève, dans le silence de l’aube :
“ Allah est le plus grand ! Il n’y a de Dieu qu’Allah, et Mohammed est le Prophète d’Allah ! Venez à la prière ! Venez au salut !...” […].
Les Musulmans qui sommeillaient encore, enveloppés dans leur draperies blanches et semblables à des linceuls, se lèvent en sursaut, tels des ressuscités ; ils s’empressent vers les fontaines, où ils accomplissent leurs ablutions, puis purs de corps et purs de pensée, ils se groupent par longues files, coude à coude, tous tournés dans une même direction, celle de la Kaâba Sainte de Mecca (La Mecque).
Le corps droit, la tête légèrement penchée, les yeux baissés, immobiles dans les longs plis de leurs vêtements, ils semblent métamorphosés en un peuple de statues. A l’exemple de l’Imam, placé devant eux, dans le même sens, et annonçant chaque phase de la prière par le takbîr : “Allah est le plus grand !” ils élèvent tous leurs mains grandes ouvertes à hauteur de leurs tempes, en témoignant leur extase devant la toute puissance du Maître des Mondes, puis tous, d’un même mouvement, ils courbent leurs dos et s’inclinent profondément devant Sa Suprême Majesté.
Mais ce geste ne leur suffit pas pour exprimer toute l’humilité de leurs âmes ; alors, ils s’effondrent vers la terre, se prosternent en y imprimant pieusement leurs fronts, leurs nez, et demeurent quelques instants dans cette attitudes de suppliants, comme écrasés sous le poids du Ciel tout entier, qui se serait prosterné avec eux… Enfin ils redressent leurs poitrines et demeurent assis, les deux genoux à terre, la tête accablée sous le fardeau de leur ferveur. Une salutation, accompagnée d’un mouvement du visage à droite, puis à gauche, et s’adressant aux deux Anges qui ne cessent d’accompagner tout Croyant, termine la prière.
[…] ces gestes expressifs et simples, dans lesquels la dignité s’allie si parfaitement à l’humilité […] constituent le spectacle d’Adoration le plus poignant que l’on puisse imaginer.
Chaque jour, à chacun des instants où le soleil change la couleur de ses rayons : à son aube empourprée, à son midi flamboyant, et à son déclin doré, à son coucher jauni par la tristesse de sa disparition, et à son ensevelissement dans les voiles bleutés de la nuit, non seulement dans les mosquées,[8] mais dans les maisons et dans les rues, dans les cafés et dans les souks, dans les campagnes et dans les déserts, isolés ou par groupes en quelque lieu qu’ils se trouvent, sans avoir besoin de l’appel du Muezzin ni de la direction de l’Imam, tous les musulmans doivent interrompre leurs occupations et même leurs pensées, pendant quelques minutes, pour glorifier ainsi le Bienfaiteur.
[…] les Fidèles se tournent cinq fois par jour vers la Kâaba Sainte de Mecca, et leurs […] prières[9] s’y gerbent, pour s’élever jusqu’au Très-Haut et Lui témoigner l’inaltérable gratitude de l’âme islamique.»[10]
La Prière est l’un des Piliers majeurs du Message. La clé de voûte de l’Adoration du Créateur.
En dehors de certains aménagements prévus, rien ne dispense une personne, saine d’esprit et pubère, d’accomplir la prière durant l’existence ici-bas.[11]
Les cinq prières quotidiennes sont d’une obligation impérieuse.[12]
Tous les Messagers et Prophètes, sur eux la bénédiction et la paix, accomplissaient la Prière et avaient pour mission de l’enseigner.[13]
L’imame répondit :
“De quelle autre manière devrions-nous adorer Dieu ? N’a-t-Il pas crée l’âme aussi bien que le corps ? Les choses étant ainsi, l’homme ne doit-il pas prier avec son corps aussi bien qu’avec son âme ? Écoutez, je vais vous dire pourquoi nous, musulmans, prions comme vous nous voyez le faire. Nous nous tournons en direction de la Kaaba, le temple sacré de Dieu à la Mecque, sachant que les visages de tous les musulmans, en quelque lieu qu’ils se trouvent, sont tournés dans la même direction pour la prière et que nous sommes tous comme un seul corps, avec Lui au centre de nos pensées. D’abord nous nous tenons debout et récitons des passages du saint Coran, nous souvenons que c’est là Sa Parole elle-même donnée à l’homme pour qu’il mène une vie juste et droite. Puis nous disons : «Dieu est le plus grand», nous rappelant à nous-mêmes que personne ne mérite d’être adoré en dehors de Lui. Nous nous inclinons profondément parce que nous L’honorons par-dessus tout et que nous louons Sa puissance et Sa gloire. Ensuite nous nous prosternons avec nos fronts touchant terre parce que nous sentons que nous ne sommes que poussière et néant devant Lui, et qu’Il est notre Créateur et Protecteur suprême. Après quoi nous relevons nos visages et restons assis, priant pour qu’Il nous pardonne nos péchés, nous accorde Sa grâce, nous guide dans la voie droite et nous donne santé et subsistance. Et nous nous prosternons de nouveau et touchons la poussière avec nos fronts devant la puissance et la gloire e l’Unique. Alors nous restons assis et prions qu’Il bénisse le Prophète Muhammad[3] qui nous a transmis Son message, comme Il a béni les Prophètes[4] qui l’ont précédé, et qu’il nous bénisse aussi ainsi que tous ceux qui suivent la voie droite. Et nous Lui demandons de nous accorder le bien de ce monde comme le bien du monde à venir. Enfin nous tournons la tête à droite, puis à gauche, disant : «la paix et la bénédiction de Dieu soient sur vous», ainsi nous saluons tous les justes où qu’ils soient.
C’est ainsi que le Prophète[5] priait ; c’est ainsi également qu’il a enseigné la prière à ses disciples dans tous les temps, de manière qu’ils se soumettent volontairement à Dieu – ce qui est le sens du mot Islam – et qu’ils soient de la sorte en paix avec Lui de même qu’avec leur propre destinée.”[6]
L’imame n’avait pas prononcé exactement ces paroles. L’écrivain a trouvé les mots pour en transmettre le sens, et c’est ce qui lui a ouvert «la première porte menant à l’Islam.»[7]
D’autres avant, ont restitué ce sens :
«Un rayon rose jaillit de l’horizon, les étoiles palissent, et une voix rythmée s’élève, dans le silence de l’aube :
“ Allah est le plus grand ! Il n’y a de Dieu qu’Allah, et Mohammed est le Prophète d’Allah ! Venez à la prière ! Venez au salut !...” […].
Les Musulmans qui sommeillaient encore, enveloppés dans leur draperies blanches et semblables à des linceuls, se lèvent en sursaut, tels des ressuscités ; ils s’empressent vers les fontaines, où ils accomplissent leurs ablutions, puis purs de corps et purs de pensée, ils se groupent par longues files, coude à coude, tous tournés dans une même direction, celle de la Kaâba Sainte de Mecca (La Mecque).
Le corps droit, la tête légèrement penchée, les yeux baissés, immobiles dans les longs plis de leurs vêtements, ils semblent métamorphosés en un peuple de statues. A l’exemple de l’Imam, placé devant eux, dans le même sens, et annonçant chaque phase de la prière par le takbîr : “Allah est le plus grand !” ils élèvent tous leurs mains grandes ouvertes à hauteur de leurs tempes, en témoignant leur extase devant la toute puissance du Maître des Mondes, puis tous, d’un même mouvement, ils courbent leurs dos et s’inclinent profondément devant Sa Suprême Majesté.
Mais ce geste ne leur suffit pas pour exprimer toute l’humilité de leurs âmes ; alors, ils s’effondrent vers la terre, se prosternent en y imprimant pieusement leurs fronts, leurs nez, et demeurent quelques instants dans cette attitudes de suppliants, comme écrasés sous le poids du Ciel tout entier, qui se serait prosterné avec eux… Enfin ils redressent leurs poitrines et demeurent assis, les deux genoux à terre, la tête accablée sous le fardeau de leur ferveur. Une salutation, accompagnée d’un mouvement du visage à droite, puis à gauche, et s’adressant aux deux Anges qui ne cessent d’accompagner tout Croyant, termine la prière.
[…] ces gestes expressifs et simples, dans lesquels la dignité s’allie si parfaitement à l’humilité […] constituent le spectacle d’Adoration le plus poignant que l’on puisse imaginer.
Chaque jour, à chacun des instants où le soleil change la couleur de ses rayons : à son aube empourprée, à son midi flamboyant, et à son déclin doré, à son coucher jauni par la tristesse de sa disparition, et à son ensevelissement dans les voiles bleutés de la nuit, non seulement dans les mosquées,[8] mais dans les maisons et dans les rues, dans les cafés et dans les souks, dans les campagnes et dans les déserts, isolés ou par groupes en quelque lieu qu’ils se trouvent, sans avoir besoin de l’appel du Muezzin ni de la direction de l’Imam, tous les musulmans doivent interrompre leurs occupations et même leurs pensées, pendant quelques minutes, pour glorifier ainsi le Bienfaiteur.
[…] les Fidèles se tournent cinq fois par jour vers la Kâaba Sainte de Mecca, et leurs […] prières[9] s’y gerbent, pour s’élever jusqu’au Très-Haut et Lui témoigner l’inaltérable gratitude de l’âme islamique.»[10]
La Prière est l’un des Piliers majeurs du Message. La clé de voûte de l’Adoration du Créateur.
En dehors de certains aménagements prévus, rien ne dispense une personne, saine d’esprit et pubère, d’accomplir la prière durant l’existence ici-bas.[11]
Les cinq prières quotidiennes sont d’une obligation impérieuse.[12]
Tous les Messagers et Prophètes, sur eux la bénédiction et la paix, accomplissaient la Prière et avaient pour mission de l’enseigner.[13]
[1] Muhammad Asad, Le chemin de la Mecque, Paris, Fayard, 1976.
[2] Le terme est utilisé ici pour désigner la personne qui dirige la Prière. Il peut avoir d’autres significations dans d’autres contextes.
[3] Sur lui la bénédiction et la paix.
[4] Sur eux la bénédiction et la paix.
[5] Sur lui la bénédiction et la paix.
[6] Muhammad Asad, op. Cit, p.86.
[7] Muhammad Asad, ibid, p.87.
[8] Masjid (pluriel masajid), lieu de prosternation (du verbe sajada, se prosterner, et sajda, prosternation).
[9] Se reporter à la documentation sur l’accomplissement de la prière en Islam.
[10] Etienne Dinet et El-hadj Sliman Ben Ibrahim, La vie de Mohammed, Alger, La Maison des Livres, 1989, pages 7et 8.
Etienne Dinet est né à Paris en mars 1861. Son parcours ici-bas a été marqué par le retour à la Croyance. Il a écrit ce livre, avec Slimane Ibn Ibrahim (le « r » roulé) dans les premières années du vingtième siècle. Il est décédé à Paris en décembre 1929.
[11] Que le Créateur nous pardonne nos errements et nous accorde la Guidance (alhidaya). Il est Celui qui répond aux invocations.
[12] Outre les cinq prières quotidiennes, les croyants et les croyantes peuvent accomplir d’autres prières.
[13] Elle a connu des variations à travers le temps et l’espace, et a été fixée telle que nous la connaissons aujourd’hui, par le Créateur et enseignée par Son ultime Messager, Mohammad sur lui la bénédiction et la paix.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire