lundi 31 décembre 2007

LE PÈLERINAGE.






Le croyant et la croyante, pubères et sains d’esprit, sont tenus, lorsqu’ils le peuvent,[1] à un moment déterminé de l’année,[2] et selon des règles précises,[3] d’accomplir le Pèlerinage à la Demeure sacrée d’Allah[4], une fois durant l’existence ici-bas, ou plus s’ils le veulent.
Le Pèlerinage était connu par les croyants et les croyantes[5] avant la Mission confiée par le Créateur à Mohammad, Son ultime Messager et Prophète.[6]
Pour les croyants et les croyantes, la Kaaba (Alqa’ba)[7] à la Mecque (Makka) autour de laquelle ils tournent selon ce qui a été fixé concernant le Pèlerinage, a été construite par Adame,[8] et reconstruite par Ibrahim et son fils Isma’il.[9] Depuis, elle a été rebâtie, réparée, entretenue, et continue de l’être. La Kaaba indique la direction de la prière, depuis que le Créateur l’a prescrit.


BOUAZZA




[1] Lorsque leurs moyens matériels, physiques le permettent.
[2] Au mois de dou lhijja
[3] Se reporter aux documents pour avoir les diverses informations nécessaires.
[4] Bayte Allah Alharam.
[5] Aloumma, la Communauté (Oumma, Communauté).
[6] Salla Allah ‘alayhi wa sallam (qu’Allah prie sur lui et le salue). Bénédiction et paix sur lui.
[7] Qa’ba (Kaaba).
[8] Adam, sur lui la bénédiction et la paix.
[9] Abraham («r» roulé) et son fils Ismaël, sur eux la bénédiction et la paix.

lundi 24 décembre 2007

LE PRÉLÈVEMENT PURIFICATEUR




La Mission des Messagers et des Prophètes[1] a été de transmettre la Révélation fondée sur l’Adoration du Créateur.
La Révélation combat l’obscurantisme, et pousse à l’effort pour acquérir la Connaissance. Elle nous invite à chercher, à apprendre, à réapprendre, à nous interroger, à réfléchir, à raisonner, à comprendre, à agir.
C’est dans ce cadre qu’il y a lieu de saisir le Témoignage (Achchahada),[2] la Prière (Assalate), le Prélèvement purificateur (Azzakate),[3] Le Jeûne du mois de ramadane (Assawme) et le Pèlerinage (Alhajj).[4]
On parle alors de piliers de l’Islam, auxquels il est important de lier la Foi (Alimane)[5] et le Bienfait (Alihçane).[6]
La Foi est de croire en Allah, à Ses Anges, à Ses Livres, à Ses Envoyés, au Jour Dernier[7] et à la Prédestination, qu’il s’agisse du bien ou du mal.
Le Bienfait étant d’adorer le Créateur comme si nous le voyons car, si nous ne le voyons pas, Lui nous voit.[8]
Parmi les Piliers de l’Islam, il y a donc le Prélèvement Purificateur.
De quoi s’agit-il ?
C’est un Prélèvement prescrit par la Révélation et qui a évolué selon les étapes de cette Révélation. Il obéit à des règles précises concernant l’épargne sur les revenus et se rapportant aux biens matériels mis à notre disposition par le Créateur, le Propriétaire Unique, le Maître des Univers.
Ce Prélèvement Purificateur doit se faire conformément à des critères clairs prenant en compte la situation de chacun. Lorsqu’une personne ne rentre dans aucune des catégories tenues de s’acquitter de ce Prélèvement, cette personne n’est pas concernée par “Azzakate” qui ne s’applique donc pas en dehors de ce qui est prescrit.[9]



BOUAZZA




[1] Sur eux la bénédiction et la paix.
[2] Témoigner qu’il n’y a de Ilah (Divinité) qu’Allah (Dieu), et que Mohammad est le Messager d’Allah.
[3] Impôt Sacré.
[4] À la Demeure Sacrée d’Allah à la Mecque (Bayte Allah Alharame à Makka).
[5] Imane (Foi).
[6] Ihçane, ihsane (Bienfait).
[7] La Résurrection.
[8] Explication de Mohammad sur lui la bénédiction et la paix, rapportée dans «Sahih Mouslime» (recueil authentique de Mouslime).
[9] Pour connaître les multiples points relatifs à ce prélèvement, se reporter aux divers documents fondés sur Alqoraane (le Coran) et Assounna (ce qui se rapporte à la conduite du Messager Mohammad sur lui la bénédiction et la paix).

mercredi 19 décembre 2007

MISÉRICORDE


À l’exemple de notre Messager Ibrahim[1] sur lui la bénédiction et la paix, les croyants et les croyantes font de leur mieux pour accepter les épreuves et obéir au Créateur. Ibrahim[2] sur lui la bénédiction et la paix, était disposé à sacrifier son enfant pour obéir à Allah. Ce sacrifice n’a pas eu lieu. Et dans Son Infinie Miséricorde, le Maître des Univers a fait que c’est un mouton qui a été sacrifié.
La fête du sacrifice[3] aide les croyants et les croyantes à ne pas oublier cet épisode et à réfléchir sur sa portée, comme la fête de la fin du jeûne du mois de ramadane[4] les aide, à ne pas oublier la reconnaissance envers le Bienfaiteur.
Adorer le Créateur, saisir la Beauté, voir les Signes, goûter les Couleurs, déguster les Saveurs, s’abreuver à la Source, s’ouvrir au Message, vouloir la Parure.
Écouter les larmes qui tombent des yeux et résonnent tels les battements du cœur de la Mère que l’enfant béni garde en lui.
Agir pour ici-bas comme si on allait y vivre éternellement, et agir pour l’au-delà comme si on allait décéder demain.


BOUAZZA
[1] Abraham.
[2] Le «r» roulé.
[3] ‘Ide aladha.
[4] ‘Ide alfitr (le «r» roulé).

dimanche 16 décembre 2007

LE COUPLE.



Il est une parure pour elle.
Elle est une parure pour lui.
Le Créateur[1] les couvre d’Amour.



[1] Allah.

LE JEÛNE.




L’humanité, selon des modalités qui ont varié à travers le temps et l’espace, a connu et connaît le Jeûne.
Avec la continuation et l’achèvement de la Révélation, la Mission confiée par le Créateur à Mohammad, Son ultime Messager et Prophète sur lui la bénédiction et la paix, fixe au croyants et aux croyantes, pubères et sains d’esprit, de jeûner pendant un mois[1] par an.[2]
C’est le mois de ramadane.[3]
Le Jeûne[4] dépend de la situation de chaque personne. Des aménagements existent et concernent par exemple la maladie, le voyage, la faiblesse liée au grand âge, les règles, la grossesse, l’accouchement et autres.[5]
«Le jeûne a été utile comme un puissant entraînement à supporter la faim et la soif : pendant tout un mois, chaque Ramadân – qui fait le tour de toutes les saisons de l’année, en raison du calendrier lunaire – les adultes musulmans, hommes et femmes, ne mangent ni ne boivent[6]rien depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil.»[7]
Il est important de souligner qu’être en état de jeûne ne consiste pas seulement à renoncer aux aliments, aux boissons ou autres. Cela signifie aussi faire plus d’efforts pour éviter les grossièretés, et l’énervement. Faire plus d’efforts pour s’éloigner des actes impudiques et de toute mauvaise action. Faire plus d’efforts pour augmenter les bonnes oeuvres. Faire plus d’effort pour être mieux à l’écoute. Faire plus d’efforts pour renforcer l’humilité et aller vers l’équilibre. Faire plus d’efforts pour consolider la Foi. Faire plus d’efforts pour s’améliorer et devenir meilleur dans la Voie du Créateur.
Ramadane est un mois Purificateur.
«L’homme, ayant été pétri avec l’amour de sa propre personne, recherche tout ce qui lui offre des satisfactions matérielles, et fuit tout ce qui est le lot des pauvres et des faibles. Or rien n’est plus salutaire, pour l’arrêter sur cette pente fatale, que les tiraillements de la faim et de la soif. […].
Dans le tiers inférieur de la voûte céleste assombrie, se dessina l’arc mince et argenté du croissant, et un long soupir s’exhala de toutes les poitrines, comme si elles eussent été percées de flèches invisibles, décochées par cet arc.
Mais ce n’était pas un soupir de délivrance que poussaient les Fidèles, c’était, au contraire, un soupir causé par le regret d’avoir si promptement terminé cette épreuve du jeûne, faible paiement de la dette de reconnaissance contractée envers le Bienfaiteur.»[8]

[1] Les mois répondent au calendrier lunaire, et les périodes de jeûne changent par conséquent d’une année sur l’autre.
[2] Les croyants et les croyantes peuvent jeûner des jours en dehors de ce mois, s’ils le souhaitent.
[3] Ramadan.
[4] Assawme, assiyame.
[5] Se reporter aux multiples documents qui traitent du jeûne.
[6] Les époux s’abstiennent des relations sexuelles durant la journée du jeûne. Pour en savoir plus sur les différentes abstentions, il est utile de se reporter aux documents concernant ces questions. S’agissant des relations sexuelles en général, il est à rappeler qu’en dehors du mariage, elles sont condamnées.
[7] Muhammad Hamidullah, le Prophète de l’Islam, sa vie, son œuvre, Paris, éditions AEIF, 1989, p.899, tome II (cinquième édition).
[8] Etienne Dinet et El-hadj Sliman Ben Ibrahim, La vie de Mohammed, Alger, La Maison des Livres, 1989, p.86.

samedi 8 décembre 2007

LA PRIÈRE.

Dans un livre, [1]avant le retour de l’écrivain à la Croyance, celui-ci avait noté qu’il se sentait «dérangé de voir une prière se combiner avec des mouvements presque mécaniques du corps». Il avait alors demandé à l’imame[2] :
“Croyez-vous vraiment que Dieu attende de vous, pour Lui témoigner votre respect, ces mouvements d’inclinaison, d’agenouillements et de prosternation ? Ne serait-il pas préférable de regarder en soi même et de prier dans le silence de son cœur ? Pourquoi tous ces mouvements du corps ?”
L’imame répondit :
“De quelle autre manière devrions-nous adorer Dieu ? N’a-t-Il pas crée l’âme aussi bien que le corps ? Les choses étant ainsi, l’homme ne doit-il pas prier avec son corps aussi bien qu’avec son âme ? Écoutez, je vais vous dire pourquoi nous, musulmans, prions comme vous nous voyez le faire. Nous nous tournons en direction de la Kaaba, le temple sacré de Dieu à la Mecque, sachant que les visages de tous les musulmans, en quelque lieu qu’ils se trouvent, sont tournés dans la même direction pour la prière et que nous sommes tous comme un seul corps, avec Lui au centre de nos pensées. D’abord nous nous tenons debout et récitons des passages du saint Coran, nous souvenons que c’est là Sa Parole elle-même donnée à l’homme pour qu’il mène une vie juste et droite. Puis nous disons : «Dieu est le plus grand», nous rappelant à nous-mêmes que personne ne mérite d’être adoré en dehors de Lui. Nous nous inclinons profondément parce que nous L’honorons par-dessus tout et que nous louons Sa puissance et Sa gloire. Ensuite nous nous prosternons avec nos fronts touchant terre parce que nous sentons que nous ne sommes que poussière et néant devant Lui, et qu’Il est notre Créateur et Protecteur suprême. Après quoi nous relevons nos visages et restons assis, priant pour qu’Il nous pardonne nos péchés, nous accorde Sa grâce, nous guide dans la voie droite et nous donne santé et subsistance. Et nous nous prosternons de nouveau et touchons la poussière avec nos fronts devant la puissance et la gloire e l’Unique. Alors nous restons assis et prions qu’Il bénisse le Prophète Muhammad[3] qui nous a transmis Son message, comme Il a béni les Prophètes[4] qui l’ont précédé, et qu’il nous bénisse aussi ainsi que tous ceux qui suivent la voie droite. Et nous Lui demandons de nous accorder le bien de ce monde comme le bien du monde à venir. Enfin nous tournons la tête à droite, puis à gauche, disant : «la paix et la bénédiction de Dieu soient sur vous», ainsi nous saluons tous les justes où qu’ils soient.
C’est ainsi que le Prophète[5] priait ; c’est ainsi également qu’il a enseigné la prière à ses disciples dans tous les temps, de manière qu’ils se soumettent volontairement à Dieu – ce qui est le sens du mot Islam – et qu’ils soient de la sorte en paix avec Lui de même qu’avec leur propre destinée.”[6]
L’imame n’avait pas prononcé exactement ces paroles. L’écrivain a trouvé les mots pour en transmettre le sens, et c’est ce qui lui a ouvert «la première porte menant à l’Islam.»[7]
D’autres avant, ont restitué ce sens :
«Un rayon rose jaillit de l’horizon, les étoiles palissent, et une voix rythmée s’élève, dans le silence de l’aube :
“ Allah est le plus grand ! Il n’y a de Dieu qu’Allah, et Mohammed est le Prophète d’Allah ! Venez à la prière ! Venez au salut !...” […].
Les Musulmans qui sommeillaient encore, enveloppés dans leur draperies blanches et semblables à des linceuls, se lèvent en sursaut, tels des ressuscités ; ils s’empressent vers les fontaines, où ils accomplissent leurs ablutions, puis purs de corps et purs de pensée, ils se groupent par longues files, coude à coude, tous tournés dans une même direction, celle de la Kaâba Sainte de Mecca (La Mecque).
Le corps droit, la tête légèrement penchée, les yeux baissés, immobiles dans les longs plis de leurs vêtements, ils semblent métamorphosés en un peuple de statues. A l’exemple de l’Imam, placé devant eux, dans le même sens, et annonçant chaque phase de la prière par le takbîr : “Allah est le plus grand !” ils élèvent tous leurs mains grandes ouvertes à hauteur de leurs tempes, en témoignant leur extase devant la toute puissance du Maître des Mondes, puis tous, d’un même mouvement, ils courbent leurs dos et s’inclinent profondément devant Sa Suprême Majesté.
Mais ce geste ne leur suffit pas pour exprimer toute l’humilité de leurs âmes ; alors, ils s’effondrent vers la terre, se prosternent en y imprimant pieusement leurs fronts, leurs nez, et demeurent quelques instants dans cette attitudes de suppliants, comme écrasés sous le poids du Ciel tout entier, qui se serait prosterné avec eux… Enfin ils redressent leurs poitrines et demeurent assis, les deux genoux à terre, la tête accablée sous le fardeau de leur ferveur. Une salutation, accompagnée d’un mouvement du visage à droite, puis à gauche, et s’adressant aux deux Anges qui ne cessent d’accompagner tout Croyant, termine la prière.
[…] ces gestes expressifs et simples, dans lesquels la dignité s’allie si parfaitement à l’humilité […] constituent le spectacle d’Adoration le plus poignant que l’on puisse imaginer.
Chaque jour, à chacun des instants où le soleil change la couleur de ses rayons : à son aube empourprée, à son midi flamboyant, et à son déclin doré, à son coucher jauni par la tristesse de sa disparition, et à son ensevelissement dans les voiles bleutés de la nuit, non seulement dans les mosquées,[8] mais dans les maisons et dans les rues, dans les cafés et dans les souks, dans les campagnes et dans les déserts, isolés ou par groupes en quelque lieu qu’ils se trouvent, sans avoir besoin de l’appel du Muezzin ni de la direction de l’Imam, tous les musulmans doivent interrompre leurs occupations et même leurs pensées, pendant quelques minutes, pour glorifier ainsi le Bienfaiteur.
[…] les Fidèles se tournent cinq fois par jour vers la Kâaba Sainte de Mecca, et leurs […] prières[9] s’y gerbent, pour s’élever jusqu’au Très-Haut et Lui témoigner l’inaltérable gratitude de l’âme islamique.»[10]
La Prière est l’un des Piliers majeurs du Message. La clé de voûte de l’Adoration du Créateur.
En dehors de certains aménagements prévus, rien ne dispense une personne, saine d’esprit et pubère, d’accomplir la prière durant l’existence ici-bas.[11]
Les cinq prières quotidiennes sont d’une obligation impérieuse.[12]
Tous les Messagers et Prophètes, sur eux la bénédiction et la paix, accomplissaient la Prière et avaient pour mission de l’enseigner.[13]


[1] Muhammad Asad, Le chemin de la Mecque, Paris, Fayard, 1976.
[2] Le terme est utilisé ici pour désigner la personne qui dirige la Prière. Il peut avoir d’autres significations dans d’autres contextes.
[3] Sur lui la bénédiction et la paix.
[4] Sur eux la bénédiction et la paix.
[5] Sur lui la bénédiction et la paix.
[6] Muhammad Asad, op. Cit, p.86.
[7] Muhammad Asad, ibid, p.87.
[8] Masjid (pluriel masajid), lieu de prosternation (du verbe sajada, se prosterner, et sajda, prosternation).
[9] Se reporter à la documentation sur l’accomplissement de la prière en Islam.
[10] Etienne Dinet et El-hadj Sliman Ben Ibrahim, La vie de Mohammed, Alger, La Maison des Livres, 1989, pages 7et 8.
Etienne Dinet est né à Paris en mars 1861. Son parcours ici-bas a été marqué par le retour à la Croyance. Il a écrit ce livre, avec Slimane Ibn Ibrahim (le « r » roulé) dans les premières années du vingtième siècle. Il est décédé à Paris en décembre 1929.
[11] Que le Créateur nous pardonne nos errements et nous accorde la Guidance (alhidaya). Il est Celui qui répond aux invocations.
[12] Outre les cinq prières quotidiennes, les croyants et les croyantes peuvent accomplir d’autres prières.
[13] Elle a connu des variations à travers le temps et l’espace, et a été fixée telle que nous la connaissons aujourd’hui, par le Créateur et enseignée par Son ultime Messager, Mohammad sur lui la bénédiction et la paix.

dimanche 2 décembre 2007

LA VUE


Mère et belle mère.
Une m’a enfanté et on m'a arraché à elle.
L’autre m’a élevé et je l’ai peu connu.
La force physique baisse.
Les yeux ont été opérés.
Deux mères aujourd’hui âgées, sentant approcher le bout du chemin ici-bas.
Je pense à elles et j’invoque le Créateur pour qu’Il les couvre de Son Amour et ne les prive pas de la vue : la Vraie.
« La cécité n’atteint pas les yeux, mais les cœurs qui sont dans les poitrines. »



BOUAZZA

ÉPREUVES



La nuit a connu des débordements de protestation, [1]ou, comme disent des commentateurs et tateuses, des violences barbares.
Un «contact» avec des «forces de l’ordre» s’est traduit, encore une fois, par la fin ici-bas de l’existence d’enfants. Et encore une fois, les parents auxquels ces enfants ont été arrachés, sont sommés de se désolidariser, et d’admettre que les «émeutiers», «les sauvageons et la racaille de banlieue», sont une «insulte à la République» ! Une «atteinte à la Civilisation» !
Des médias assènent cette «vérité» pour renforcer les «Droits de l’Homme», comme aiment à claironner certains ze certaines.
Des journalistes, «libres et indépendants», défenseurs de «la liberté d’expression» appuient ce mythe, et se présentent comme des «serviteurs de l’objectivité», passant sous silence le fait qu’ils sont salariés de propriétaires de médias dont ils exécutent les orientations néfastes.
Les arrières grands-parents des enfants qui ont quitté l’existence ici-bas, étaient installés, autrefois jadis, de l’autre côté de la mer Méditerranée, albahr alabyad almoutawassite, la mer blanche intermédiaire. Dans un bled[2] colonisé.
Le colonialisme, l’impérialisme ont modifié les modes d’existence ici-bas des populations des territoires occupés, les modes d’existence ici-bas des arrières grands-parents, des grands-parents, des parents, des enfants.
Massacres. Crimes. Carnages. Pillages. Tortures. Viols. Transplantations.[3]
Avec «l’indépendance dans l’interdépendance», les parents des enfants qui ont quitté l’existence ici-bas, se sont trouvés en «métropole».
Transplantations. Exploitation. Haine. Mépris. Humiliations.
Mais dans tous les cas, la Résistance demeure.
La Résistance.
Savez-vous ce qu’est la Résistance ?
Et qui vous dira jamais ce qu’est la Résistance ?
L’Histoire des enfants qui ont quitté l’existence ici-bas n’a pas commencé et ne finit pas en France.
Le matin se lève au rythme qui lui est fixé. Un arc-en-ciel caresse des mères qui n’oublient pas que le Paradis est sous leurs pieds.
Les personnes qui arrivent se dirigent vers les corps des enfants déposés pour une prière avant l’enterrement.
Silence.
« [...] un homme se leva. [...]. Et il chanta.
Ce qu’il chanta n’avait aucune importance. Ce n’étaient pas des mots, un sens, ni même un symbole qui nous faisaient vibrer, hommes, femmes et enfants qui étions là et qui avions oublié pourquoi nous étions là à l’instant même où il avait ouvert la bouche.
C’était l’incantatoire, c’était la fin de nos maux et de nos pauvres petits problèmes, la nostalgie douloureuse et sereine à la fois de cette autre vie qui était la nôtre et vers laquelle nous étions destinés à retourner tous, vainqueurs et vaincus, accomplis ou à l’état larvaire, fidèles et athées, de par la Toute-Miséricorde de Dieu. C’était cela qu’il y avait dans la voix de cet homme qui chantait. [...]. Quand il arrivait à la fin d’un verset, il marquait une pause – et cela était ainsi : une explosion de ferveur. Et, tant qu’il chantait, c’était ainsi : un désert où un homme chantait sa foi. Et la voix modulait, montait, changeait de registre, devenait tragique, devenait un élan, puis tombait sur nos têtes comme un vol de mouette, légère et paisible, presque un souffle. [...]. La paix, la vérité de toujours étaient en lui, dans sa voix – alors que tout croulait autour de lui et sur les continents. »[4]


BOUAZZA


[1] Bâtiments saccagés, véhicules brûlés et autres.
[2] Blad, bilad, pays, contrée.
[3] Et ce n’est pas fini.
[4] Driss Chraïbi, Succession ouverte, Paris, Denoël, 1962, p. 78, 79, 80.