mercredi 29 juillet 2009

RECHERCHE


Il avait achevé ses études universitaires en France l’année[1] où ma naissance a été déclarée au Maroc,[2] pays où sa naissance a été également déclarée vingt quatre ans auparavant.
Lorsqu’il avait débarqué en France, il n’avait pas encore vingt ans. Comme moi plus tard. Sa formation universitaire ne lui a pas servi à faire une carrière professionnelle. À moi non plus.
D’autres points communs peuvent être cités.
Il a beaucoup écrit pour dire sa préoccupation de retrouver le pays de l’enfance.
Quatre vingt un ans après sa déclaration de naissance, il a été ramené au Maroc pour y être enterré.
Nous sommes à Allah et à Lui nous retournons.

BOUAZZA


[1] Selon le calendrier dit Grégorien.
[2] Mghrib, Maghrib (le « r » roulé).

dimanche 26 juillet 2009

ENFANCE


Le dernier tronçon de la route pour aller jusqu’à sa maison, est tout droit. Long peut-être d’un kilomètre, large, bien goudronné, des arbres des deux côtés, calme, très peu fréquenté par les véhicules et les piétons. Au bout, il faut prendre à gauche.[1] La maison est alors à une vingtaine de mètres. Ce tronçon du trajet qui va au quartier dit administratif de la bourgade de Khemisset,[2] conçu en retrait des indigènes,[3] dessert surtout les demeures de fonction pour « cadres » de l’occupation colonialiste française et les habitations des forces répressives locales dites « mkhaznia »,[4] à côté de la prison.[5]
Depuis « l’indépendance dans l’interdépendance », ce sont les « cadres » autochtones qui les habitent.
Ce tronçon de route fait partie de son quotidien. Il le connaît depuis de nombreux mois et l’emprunte en voiture. Il roule à peine plus vite qu’un marcheur du bled.[6] Sa manière de conduire est souvent citée en exemple. Son intégrité aussi.[7]
Un jour, en regagnant la maison pour déjeuner, il a aperçu, au milieu du tronçon de route, un carton à la hauteur duquel, assis sur le trottoir, deux enfants attendaient. Ils voulaient certainement voir comment le véhicule allait passer sur le carton. Il n’a jamais su pourquoi, mais il a décidé de l’éviter. Peut-être pour narguer les gamins. Participer à leur jeu dont il ne connaissait pas les règles, en ayant recours aux siennes qui allaient un peu désorganiser la donne. Il se sentait rajeunir et appréciait cet instant d’enfance.
En dépassant le carton, il a regardé dans le rétroviseur pour voir la réaction des deux petits.
Il a freiné net et a quitté le véhicule sans attendre. Un troisième enfant venait de sortir tranquillement du carton pour rejoindre les autres.
Les deux enfants assis sur le trottoir attendaient en fait qu’un véhicule écrase le carton afin de prouver au petit camarade qu’ils ont enfermés dedans, qu’il ne craignait rien pour sa sécurité. Ils avaient du mal à imaginer que le véhicule, en passant sur le carton ne pouvait pas ne pas écraser l’enfant qui était à l’intérieur, puisque le carton avait des rabats et qu’il était fermé. Ils ne comprenaient pas que le jeu pouvait prendre une tournure autre que celle imaginée par eux.
Lorsqu’il m’avait raconté cette histoire, il se demandait toujours comment il a été inspiré pour éviter le carton.



BOUAZZA

[1] En sens inverse, ce tronçon de route débouche sur la route Meknès (Mknas)-Rabat (Rbate, le « r » roulé), l’artère principale. En allant à gauche sur Meknès, il y a la petite forêt d’eucalyptus avec l’église (devenue bâtiment administratif avec « l’indépendance dans l’interdépendance »), et de l’autre côté de la route, l’établissement scolaire Mouça Ibn Noçayr (Mouça Ben Nouçaïr, le « r » roulé) dit école musulmane par le colonialisme, puis école primaire. Cet établissement est devenu collège, puis lycée.
[2] Lkhmiçate, en région Zmmour (Zemmour), le « r » roulé.
[3] Avec « l’indépendance dans l’interdépendance », l’apartheid n’a pas disparu, mais a pris d’autres formes.
[4] Pluriel de « mkhzni », du mot « mkhzn »qui, en langue Arabe signifie dépôt et qui au Maroc, désigne le pouvoir du sultan (du roi depuis le colonialisme et « l’indépendance dans l’interdépendance »). Les habitations des « mkhaznia » étaient constituées de huttes (noualate, nouayl. Singulier : nouala). Plus nombreuses, les forces répressives (mkhaznia) sont installées depuis des années maintenant, dans une caserne en dur, à l’entrée de la ville, du côté gauche de la route, en venant de Rabat.
[5] Lhbs.
[6] Blad (bilaad), pays.
[7] Rester intègre au Maroc, relève un peu du miracle.

samedi 18 juillet 2009

ALLAH AKBAR



ALLAH EST PLUS GRAND.[1]
ALLAH EST LE PLUS GRAND.
Et non pas ALLAH EST GRAND comme c’est le cas dans la quasi-totalité des textes en français.
La traduction mot à mot est ALLAH EST PLUS GRAND, mais ALLAH EST LE PLUS GRAND nous semble être une meilleure traduction.



BOUAZZA

[1] DIEU EST PLUS GRAND. DIEU EST LE PLUS GRAND. Avec la « vocalisation », le fait de « vocaliser les consonnes » (achchakl), c’est ALLAHO AKBAR (le « r » roulé).

mardi 14 juillet 2009

LARMES


Il peut arriver au croyant[1] de s’intéresser à des chants sur l’Islam.[2] Ces chants peuvent parler à ses sens et contribuer à le transporter au plus profond de lui-même. Quelqu’un qui l’observe dans cette phase, peut dire parfois qu’il est « mjdoub » (majdoub),[3] surtout s’il se met à s’exprimer en usant de la thématique de la foi. Lorsqu’il n’est pas « acteur principal »,[4] il est intensément à l’écoute de ce qui lui est communiqué et qui l’atteint avec force. Ce qui lui est transmis par ces chants peut épouser le spirituel en lui et déclencher « jdba » (jadba)[5] par exemple. Il est dit alors, que cela traduit ce qui est désigné par « lhaal » (alhaal).[6] Mais la personne peut être transportée au plus profond d’elle-même sans « jdba ».
Son état intérieur d’exaltation peut se traduire par la manière de bouger la tête, le rythme donné à d’autres parties du corps et aussi par des larmes[7] qui peuvent couler en abondance, des larmes que cette personne voudrait de Miséricorde[8] et d’Amour.[9]

BOUAZZA



[1] Et à la croyante bien sûr.
[2] Cela, bien entendu, n’a rien à voir avec la débauche, la corruption, les basses besognes mercantiles, les pratiques obscurantistes, les tromperies et autres auxquelles recourent certaines personnes en utilisant ces chants.
[3] Attiré (mejdoub), du verbe jadaba (attirer) en langue Arabe.
[4] Il n’est pas l’animateur de la cérémonie des chants.
[5] Jadba (jedba), attirance qui renvoie à une sorte d’exaltation, de ravissement. Les paroles qui composent les chants et la rythmique qui les accompagne, ainsi que les effets des voix, interviennent dans l’explication de cet état. Il est dit alors de cette « danse exaltée », que c’est une « jdba ».
[6] L’état de la personne au moment de « jdba » ou autre, qui extériorise en quelque sorte le ressenti intérieur.
[7] Gigantesque nostalgie, souvenir de Demain.
[8] Rahma (le « r » roulé).
[9] Hobb, houbb.
Il est fait usage au Maroc, des termes cités en langue Arabe.

samedi 11 juillet 2009

L’HOMME ET LA FEMME


L’Islam[1] éduque l’homme et la femme, leur enseigne, entre autres, la complémentarité, l’équilibre, l’harmonie et les met en garde contre les limites à ne pas dépasser.
L’Islam apprend à éviter de manière générale tout ce qui peut générer de mauvaises pensées et pousser à se comporter de manière condamnable.
L’homme a des devoirs.
La femme a des devoirs.
Almouslime [2]le sait.
Almouslima [3]le sait.
Partout, Allah[4] a mis des Signes[5] pour celui qui raisonne et pour celle qui raisonne.
Il n’appartient ni à l’homme ni à la femme, selon leur bon plaisir, de fixer ce qui est licite et ce qui est illicite.
Le licite est ce que Allah a rendu licite et l’illicite est ce que Allah a rendu illicite.
Allah élève l’homme et la femme aux degrés les plus hauts.
Ce que Allah a transmis à l’homme et à la femme[6] est infiniment plus riche que tout ce que l’homme et la femme, peuvent atteindre en dehors du Message[7] d’Allah.
Almouslime le sait.
Almouslima le sait.
« Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres ».[8]
« Les musulmans et les musulmanes, les croyants et les croyantes, les obéissants et les obéissantes,[9] les loyaux et les loyales, les endurants et les endurantes,[10] les craignants et les craignantes,[11] les donneurs d’aumône et les donneuses d’aumône, les jeûneurs et les jeûneuses, les gardiens de leur chasteté et les gardiennes, ceux qui invoquent beaucoup Allah et les invocatrices, Allah leur a préparé un pardon et une récompense immense. Il n’appartient pas à un croyant ni à une croyante, une fois qu’Allah et Son Messager ont décidé d’une chose, d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir. Et quiconque désobéit à Allah et à Son Messager, s’est égaré d’un égarement évident. »[12]
« Ô humains ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle et Nous vous avons fait des peuples et des tribus pour que vous vous entreconnaissiez.[13] Le plus noble d’entre vous auprès d’Allah est le plus pieux.[14] Allah Est Savant et Informé de Tout. »[15]
L’homme est une parure pour la femme.
La femme est une parure pour l’homme.
Dans une société[16] où des parents mettaient fin à l’existence ici-bas de leurs filles, dès la naissance[17], en pensant qu’elles étaient un problème dont il fallait se débarrasser au plus vite,[18] Mohammad, dernier Messager et Prophète, bénédiction et paix sur lui, aimait qu’on l’appelle « le père des filles ».[19] Il a lutté durement pour mettre fin à ce comportement, pour faire comprendre l’importance qu’Allah accorde à la femme et pour enseigner que « le Paradis est sous les pieds des mères ».[20]



BOUAZZA


[1] Faire de son mieux pour adorer Allah, comme Allah le demande.
[2] Le musulman.
[3] La musulmane.
[4] Dieu.
[5] Aayaate, en langue Arabe.
[6] Par l’intermédiaire des Prophètes et des Messagers, bénédiction et paix sur eux.
[7] Le Message a commencé avec Adame (Adam), bénédiction et paix sur lui.
[8] Alqoraane. Sourate attawba (9), ayate 71. Le Coran. Chapitre le repentir (9), verset 71.
[9] Ceux et celles qui sont véridiques.
[10] Les patients et les patientes.
[11] Ceux et celles qui sont recueillis.
[12] Alqoraane. Sourate al-a-hzaab (33), ayate 35 et ayate 36. Le Coran. Chapitre les coalisés (33), verset 35 et verset 36.
[13] Lita’aarafou, en langue Arabe.
[14] C’est la Piété qui permet de distinguer entre deux êtres et de voir le plus Noble d’entre eux.
[15] Alqoraane. Sourate alhoujouraate (49), ayate 13. Le Coran. Chapitre les chambres ou les appartements (49), verset 13.
[16] De l’ignorance (aljaahiliyya, en langue Arabe).
[17] Aujourd’hui, ce phénomène, « expliqué » autrement, existe en Chine et dans d’autres régions du monde.
[18] Ceux qui ignorent les droits qu’Allah accorde à la femme reproduisent ce qui caractérisait les temps de l’ignorance (aljaahiliyya, en langue Arabe).
[19] Abou lbanaate, en langue Arabe.
[20] Aljannatou tahta aqdaami loummahaate, en langue Arabe.