L’administration considérait que je ne remplissais pas les conditions d’âge pour être inscrit à l’école. Nous étions à Tafraoute,[1] au Maroc,[2] sous occupation de la France colonialiste qui mettait alors en place – ai-je appris plus tard – les grandes lignes de « l’indépendance dans l’interdépendance » afin d’« émanciper les indigènes ».
La maison était attenante à l’école. Mes sœurs y allaient. Pas la grande.[3] Elles m’y emmenaient parfois. L’administration le tolérait pour moi et pour quelques autres.
L’institutrice, française, donnait des cours, en français, à des élèves non français de différents âges et de divers niveaux, dans la même salle de classe. Elle prenait soin de moi et me faisait asseoir sur sa chaise. J’aimais la retrouver.
L’école était mixte. Je m’éloignais peu d’une petite fille, avec laquelle la relation continue :
– Tu veilles encore à rappeler ce dont il est important de se souvenir et qui nous a été donné avant même que nous soyons. Comment tu dis déjà ? Rappeler, c’est se souvenir de Demain. Je m’en souviens, tu sais.
– Oui, je sais.
– Tu me regardes comme lorsque tu étais un petit garçon. Avec le cœur. Et je me vois dans ton regard.
– Moi aussi je me vois dans ton regard.
– Je me vois au milieu de l’herbe, des coquelicots et des marguerites. Avec des enfants de toutes les couleurs, dans la joie du partage. Une coulée de sérénité. L’harmonie de la Foi.
La terre et le ciel se rejoignent, se mélangent, font jaillir d’autres images, d’autres couleurs, d’autres formes, d’autres mouvements, d’autres sons, d’autres sensations.
Comme avec nos parents.[4]
– J’aime t’écouter. J’aime aussi te regarder fermer les yeux pour mieux sentir les parfums.
– J’aime fermer les yeux en effet lorsque je sens les parfums par exemple, pour mieux vivre cet instant de recueillement, ce moment de grâce, cette invocation.
– J’aime quand tu me parles ainsi comme les êtres pour qui le temps ne compte pas et qui ne mesurent pas l’espace.
– Les êtres dont le souffle de l’enfant qui naît semble être l’écho du souffle qui est en eux.
– Ceux et celles qui comme nous, comme les croyants et les croyantes de Filistine[5] et d’ailleurs, veulent la parure de la piété.
– Est-ce que tu me connais mieux ?
– D’après toi ?
– Et moi, est-ce que je sais assez sur toi ?
– Tu sais beaucoup sur ma famille, ma naissance, mon enfance, mon adolescence, mon mariage, mes enfants. Tu n’ignores pas mes faiblesses, mes fautes, mes erreurs, mes égarements, mes craintes, mes peurs, mes soucis, mes difficultés, mes souffrances, mes blessures, mes chagrins, mes tristesses, mes activités, mes engagements.
– Ton Bonheur – qui est aussi le mien – de témoigner qu’il n’y a de Ilah qu’Allah et de témoigner que Mohammad est le Messager d’Allah.
– Les battements de nos cœurs, tels les battements du cœur de la Mère, que l’enfant béni garde en lui.
– Nos luttes, nos résistances.
– Notre Mémoire.
– Nos efforts pour nous améliorer.
– Notre souhait de voir germer les fleurs de notre Amour.[6]
– Notre désir de garder et de transmettre l’Espoir en la Miséricorde d’Allah ici-bas et dans l’au-delà.
BOUAZZA
La maison était attenante à l’école. Mes sœurs y allaient. Pas la grande.[3] Elles m’y emmenaient parfois. L’administration le tolérait pour moi et pour quelques autres.
L’institutrice, française, donnait des cours, en français, à des élèves non français de différents âges et de divers niveaux, dans la même salle de classe. Elle prenait soin de moi et me faisait asseoir sur sa chaise. J’aimais la retrouver.
L’école était mixte. Je m’éloignais peu d’une petite fille, avec laquelle la relation continue :
– Tu veilles encore à rappeler ce dont il est important de se souvenir et qui nous a été donné avant même que nous soyons. Comment tu dis déjà ? Rappeler, c’est se souvenir de Demain. Je m’en souviens, tu sais.
– Oui, je sais.
– Tu me regardes comme lorsque tu étais un petit garçon. Avec le cœur. Et je me vois dans ton regard.
– Moi aussi je me vois dans ton regard.
– Je me vois au milieu de l’herbe, des coquelicots et des marguerites. Avec des enfants de toutes les couleurs, dans la joie du partage. Une coulée de sérénité. L’harmonie de la Foi.
La terre et le ciel se rejoignent, se mélangent, font jaillir d’autres images, d’autres couleurs, d’autres formes, d’autres mouvements, d’autres sons, d’autres sensations.
Comme avec nos parents.[4]
– J’aime t’écouter. J’aime aussi te regarder fermer les yeux pour mieux sentir les parfums.
– J’aime fermer les yeux en effet lorsque je sens les parfums par exemple, pour mieux vivre cet instant de recueillement, ce moment de grâce, cette invocation.
– J’aime quand tu me parles ainsi comme les êtres pour qui le temps ne compte pas et qui ne mesurent pas l’espace.
– Les êtres dont le souffle de l’enfant qui naît semble être l’écho du souffle qui est en eux.
– Ceux et celles qui comme nous, comme les croyants et les croyantes de Filistine[5] et d’ailleurs, veulent la parure de la piété.
– Est-ce que tu me connais mieux ?
– D’après toi ?
– Et moi, est-ce que je sais assez sur toi ?
– Tu sais beaucoup sur ma famille, ma naissance, mon enfance, mon adolescence, mon mariage, mes enfants. Tu n’ignores pas mes faiblesses, mes fautes, mes erreurs, mes égarements, mes craintes, mes peurs, mes soucis, mes difficultés, mes souffrances, mes blessures, mes chagrins, mes tristesses, mes activités, mes engagements.
– Ton Bonheur – qui est aussi le mien – de témoigner qu’il n’y a de Ilah qu’Allah et de témoigner que Mohammad est le Messager d’Allah.
– Les battements de nos cœurs, tels les battements du cœur de la Mère, que l’enfant béni garde en lui.
– Nos luttes, nos résistances.
– Notre Mémoire.
– Nos efforts pour nous améliorer.
– Notre souhait de voir germer les fleurs de notre Amour.[6]
– Notre désir de garder et de transmettre l’Espoir en la Miséricorde d’Allah ici-bas et dans l’au-delà.
BOUAZZA
[1] Le « r » roulé.
[2] Mghrib (le « r » roulé).
[3] Le temps de son existence dans l’espace ici-bas, s’est achevé en 1970. Elle avait 28 ans. Qu’Allah la couvre de Sa Miséricorde.
[4] Adame (Adam) bénédiction et paix sur lui, et Hawwa (Ève) qu’Allah l’agrée.
[5] Palestine.
[6] L’Adoration d’Allah, comme Allah le demande.
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