samedi 19 avril 2008

ENSEIGNEMENT.





Réunis dans un «bahut»[1], suite à un courrier de l’administration, des parents sont sommés de s’engager pour «les ducs à tiffes».[2]
Discours de propagande visant – comme dirait l’autre – à «promouvoir une démarche positive» en «échangeant» et en «élaborant» sur les «sauvageons» et la «racaille» qui menacent l’institution scolaire et ses valeurs.
Discours arrogant et manipulateur soutenu par des personnes, dont plusieurs, au sein même de l’institution, souillent l’éducatif.
En effet, ces personnes, y compris parmi les «responsables», s’échangent des pétards[3], se roulent des pelles, se tripotent dans des recoins, se font des pipes, se lèchent, baisent dans les bureaux et les chiottes, se rejoignent dans les véhicules pour fricoter[4] et aménager diverses rencontres afin de se livrer à des enculeries et autres explorations anatomiques.
À des repas qui entretiennent la cul-ture de la baise, ces professionnels[5] se retrouvent et commencent souvent par des devinettes permettant parfois au gigolo de service[6] – qui situe le quotient intellectuel entre les cuisses – de donner «sa langue à la chatte»[7], mettant des bas-ventres en appétit. Les «saveurs liées à la langue» sont alors exposées par chacune et chacun : des «recettes» détaillent «la variété des prémices et des préliminaires», en attendant que soient à point les «volailles» et les «merguez». Les «enseignantes» et les «enseignants» salivent, bavent, humectent, mouillent, veulent laper, mordre, se délecter de «délices de bouche», et de «mélanges cul-inaires».[8]
Une sainte nitouche proche de la ménopause n’arrive plus à se contrôler. Atteinte d’agitation aiguë, elle veut satisfaire son envie pathologique d’être remarquée[9]. Elle déploie ses «zèles»[10] du désir pour ne pas être éclipsée par les autres, et en particulier par une allumeuse au sexe à piles.[11] Elle se voit à poil, met son doigt – le majeur – sur son vagin et se livre à un va et vient intense. Voulant être le centre d’intérêt et toute à son hystérie, elle se lance dans une sorte de «danse du ventre» gesti-cul-atoire, exposant sa fente[12] aux reniflements à distance du gigolo[13], puis caresse du regard les nichons ainsi que le minou[14] – qu’elle imagine fraîchement épilé et à l’étroit dans la petite culotte – de l’une de celles qui, en rut, servent des «gauloiseries» piquantes afin de «pimenter» le menu : on aime manger et pisser.[15]
On débat ensuite des difficultés du con-frère[16] et de la conne-soeur[17] qui «manquent de doigté pour s’introduire dans l’univers des élèves qui ne s’ouvrent pas», en soulignant qu’il est vital de con-tinuer à réclamer l’installation de distributeurs à capotes[18] dans l’établissement, et la remise de la pilule du lendemain.[19] On ressert du vin en braillant la «chanson de Margot»[20], et quelques uns entament «le thon des sœurs Ise».[21] Puis on parle, pédagogiquement bien sûr, des grèves[22] et du «droit de retrait»[23] pour lesquels les postures d’une «représentante du personnel» –toujours soucieuse de satisfaire son con[24] et d’agir pour une pénétration franche au sein de l’institution – sont appréciées aussi bien par les mâles que par les femelles.
Ailleurs, tard dans la nuit, un homme[25] relit un livre publié en 1992 par une femme. Une épouse et mère qui était enseignante au Maroc.[26]
Un livre sur des condamnés au bagne par un régime qui sévit de longue date :
«Pendant dix-huit ans, des hommes ont vécu enfermés chacun dans une cellule, sans lumière aucune, ni lampe ni fenêtre. Dix-huit ans dans l’obscurité. [...]. Chaque homme y était seul, mais pouvait entendre les autres parler, gémir, agoniser, délirer et mourir. [...].
Pendant dix-huit ans, ces hommes ont vécu dans des cellules de trois mètres quatre-vingt-dix de long et deux mètres de large, avec pour seul univers une dalle de ciment en guise de lit, perchée à soixante-quinze centimètres de hauteur et large d’un mètre, deux couvertures, une assiette, un broc, un verre, un trou sans eau en guise de toilettes, des vêtements en loques, pas de chaussures pour la plupart. [...].
Pendant dix-huit ans, ces hommes n’ont vu âme qui vive en dehors des gardiens – des militaires des forces armées royales – et, bien entendu, n’ont eu de visite ni d’avocat, ni de médecin, ni d’infirmier. [...].
Pendant dix-huit ans, ceux qui ont survécu[27] ont ainsi supporté l’insupportable [...].»
Vers la fin du livre, parlant d’un survivant, l’enseignante rapporte :
«Il récite le Coran[28] tout le temps ; il ne sait plus bien où il était ni où il est : il est avec Dieu[29], qui l’a sauvé, c’est tout.»[30]



BOUAZZA




[1] Lieu dit d’ «enseignement».
[2] L’éducatif.
[3] Des joints au cannabis ou autre.
[4] Ce qui n’empêche pas de retrouver les épouses et les époux.
[5] Traités de bâtards par des élèves dont beaucoup quittent l’institution sans savoir lire et écrire. Les «enseignantes» et les «enseignants» s’en battent les couilles.
[6] Baratineur con-vaincu, porté sur «la chose», mais ne le montrant pas, pour être mieux payé en retour.
[7] «Donner sa langue au chat» est une expression utilisée pour exprimer son incapacité à trouver une réponse. Parfois pour dire «j’ai d’autres chats à fouetter», expression qui signifie avoir autre chose à faire, le gigolo de service préfère parler de chattes à fouetter.
[8] Les repas se déroulent parfois dans des endroits avec des chambres de passe aux étages au dessus.
[9] Plus jeune, en s’exposant nue, en s’exhibant à toute occasion, en s’offrant pour être pelotée et plus, elle se sentait valorisée. Mariée, son attrait pour ce genre de «valorisation» a con-tinué.
[10] Ses ailes.
[11] Sex appeal (se traduit par charme sexuel).
[12] Comme un met.
[13] Qui s’approche petit à petit, passe derrière elle, lui pose les mains sur les hanches et bande en fixant le croupion offert. Il est fier du «chemin parcouru» et de sa «réussite» : il a cessé depuis un certain temps de s’adonner au sexe dans les caves avec des «cas sociaux» pour – tout en étant marié – niquer dans les chiottes, les voitures ou autres, des collègues du corps «enseignant», mâles et femelles qui, parce qu’il est «gentil», accueillent sa bite à orifices ouverts : bouches affamées, vagins boulimiques ou postérieurs insatiables.
Il arrive alors par exemple qu’un époux ait la con-firmation que son «honorable épouse» est une pute, ou qu’une épouse, «enseignante», ayant un «bon fond», con-fesse que c’est avec «les ducs à tiffes», qu’elle a appris à gérer le con-flit et à con-cilier l’amour de son con-joint et son ouverture au «sexe sans frontières».
Au plumard, le gigolo simule le plaisir en besognant bobonne qui, habituée à sucer, et à se faire tirer ailleurs, en engloutissant des queues, «sans discrimination», surtout sur le lieu de «travail», a toujours le feu au cul. En cloque, elle ignore qui est le géniteur et s’en branle.
[14] Le sexe.
[15] Épicé.
[16] Confrère.
[17] Consoeur.
[18] Pour «se protéger con-tre les maladies sexuellement transmissibles».
[19] On réclame que cette pilule con-traceptive soit remise aux élèves qui n’ont pas pris celle de la veille, afin de «les protéger» con-tre la grossesse, de leur enseigner le «droit de jouir sans entraves», et de leur in-cul-quer le principe de «baisons futés» (à ne pas confondre avec «bison futé», qui désigne des actions mises en place pour aider le con-ducteur à «rouler malin»).
[20] Amis, pour bien chanter l’amour,
Il faut boire,
Il faut boire
À la santé du petit conduit
Grâce auquel on se réjouit,
À la santé du petit conduit,
Par où Margot fait pipi !
[21] Allusion au «temps des cerises», chanson de 1866 considérée comme une chanson «engagée» concernant le soulèvement populaire dit «Commune de Paris» qui lui, date de 1871 !
[22] En se plaignant de la surcharge de travail et de l’insuffisance des congés, on procède à la répartition des arrêts pour maladies à venir, et à l’organisation de partouses et de soirées de soûleries. La salle dite des «professeurs» sert de quartier général pour ces occupations et d’autres du même style.
[23] Clause de «conne-science» (de conscience).
[24] Camp.
[25] Au courant de ces pratiques et d’autres.
[26] Malgré les risques, cette femme ne s’est pas tue.
[27] Dans ce bagne et dans d’autres mis en place par le régime qui sévit au Maroc (Mghrib), des vers se nourrissent des corps de bagnards qui ne sont pas encore décédés.
[28] Alqoraane.
[29] Allah.
[30] Christine Daure-Serfaty, Tazmamart, une prison de la mort au Maroc, Paris, Stock, 1992, P. 11, 12, 13, 14, 15.et 194.

2 commentaires:

Anonyme a dit…
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Anonyme a dit…

Salam. Ces derniers temps, le temps m'a manqué et j'ai manqué à l'appel de ce blog... Ce midi, je m'y suis remis avec motivation! ;) Mais, une fois n'est pas coutume, le commentaire sera moins enthousiaste... En tous cas, je vais poursuivre ma lecture sur les articles précédents!